PREMIÈRE PARTIE
LE TRAPPEUR
CHAPITRE PREMIER
Lira Loser frappa à la porte de la chambre de son père. Au bout d’un moment elle entendit un grognement, puis :
— Qu’est-ce que c’est ?
— Quelqu’un qui veut te voir.
— Qui ça ?
— Un reporter. Il s’appelle Joe Frinton.
— Connais pas. Dis-lui que je n’ai pas le temps. Dis-lui que je ne pourrai pas le voir. Dis-lui que je ne reçois personne.
— Il est venu tout exprès sur la planète Suad.
— Qu’est-ce qu’il veut ?
— Il veut t’interviewer.
— Je n’ai pas le temps. Dis-lui que je suis en train de me raser.
— Il attendra.
— Dis-lui que je veux prendre mon bain… Et que j’ai du courrier à faire.
— Il a dit qu’il attendrait le temps qu’il faudrait. Je te répète qu’il est venu exprès pour toi.
— Pour qui travaille-t-il ?
— Pour Télé-Terre. Il voudrait faire un reportage sur toi. T’interroger…
— Je n’aime pas la publicité. Il devrait le savoir.
— Voyons, père, tu ne peux pas le laisser repartir sans lui dire au moins un mot ou deux…
— Est-ce qu’il a une bonne tête ?
— Il m’a paru très sympathique…
— Bon. Dis-lui que je le verrai… Mais pas plus de cinq minutes… Et que je veux d’abord finir de me raser et prendre mon bain… Où l’as-tu mis ? Dans le salon ?
— Non. Je lui ai dit que ce serait peut-être un peu long pour que tu te décides… En attendant il se promène dans le parc.
*
* *
Joe Frinton se promenait dans le parc. Un parc assez extraordinaire.
Bien qu’il n’eût que vingt-six ans, Joe avait déjà pas mal voyagé à travers la galaxie. Son métier l’exigeait, et on lui confiait souvent des missions lointaines. Mais jamais encore il n’avait vu autant d’essences végétales diverses réunies en un même endroit. Ni autant d’animaux de toutes sortes, dont beaucoup étaient très étranges, vivant en liberté dans une propriété privée.
Il allait d’étonnement en étonnement.
Le parc semblait immense, et magnifiquement aménagé. Mais il n’osait pas trop s’éloigner de la maison, de crainte de se perdre. De crainte aussi qu’on ne l’appelât. Il savait que le personnage qu’il venait voir n’était pas d’un abord facile et fuyait la publicité comme on fuit la peste. Pour rien au monde Joe n’aurait voulu l’indisposer dès la première minute. Il se demandait d’ailleurs, non sans une certaine anxiété, si Harp Loser consentirait à lui accorder un entretien.
Devant la maison, située sur un monticule, s’étalait une vaste pelouse en pente qu’un robot-jardinier était en train de tondre méthodiquement. Autour du robot, gambadaient une demi-douzaine de petits animaux qui ressemblaient vaguement à des kangourous, mais qui avaient le pelage bleu. Ces animaux-là, il les connaissait. C’étaient des lévrins de la planète Silton.
Mais il ne connaissait ni le gros et étrange animal à trois bosses et à six pattes qui s’avançait dans une allée, ni la non moins étrange créature d’un rouge éclatant qui se balançait sur les branches d’un arbuste, ni l’espèce de girafe couleur de noisette qui avait un long cou, mais des pattes de basset, ni aucun des quinze ou vingt autres spécimens de la faune galactique qu’il apercevait dans les allées rayonnantes partant de la grande pelouse centrale.
La maison, bien qu’elle fût tout en bois, avait belle allure. Elle était encadrée de deux arbres gigantesques au feuillage d’un bleu profond. Joe avait déjà vu des arbres qui ressemblaient à ceux-là, sur la planète Bol, mais il ne se rappelait pas leur nom.
« Voilà un endroit où j’aimerais habiter », pensa-t-il.
Au bout d’un quart d’heure, il vit reparaître, sur le large perron, la jeune fille qui l’avait accueilli.
Il l’avait trouvée charmante. C’était une grande fille brune, aux yeux vifs et rieurs, au corps souple, élégant et visiblement robuste. Elle avait le teint hâlé des gens qui vivent beaucoup en plein air. Elle était vêtue d’un short gris et d’une blouse blanche. Elle avait dit à Joe :
— Je vais tâcher de décider mon père à vous recevoir… Mais ce sera peut-être un peu long.
Tandis qu’il courait à sa rencontre, elle descendait d’un pas agile les marches qui menaient jusqu’à la pelouse. Elle souriait. Il jugea que c’était bon signe.
— Si vous voulez bien patienter encore un moment, dit-elle, mon père vous verra…
— J’attendrais huit jours s’il le fallait, s’écria-t-il.
Elle eut un rire cristallin.
— Oh ! ce ne sera pas aussi long. Du moins je l’espère. Il est en train de se raser, et il veut absolument prendre son bain avant de vous voir. Il est ainsi. Et il faut le prendre comme il est. Vous boirez bien quelque chose en attendant…
— Je n’ose pas refuser.
Elle fit un signe à un robot domestique qui se tenait immobile sur le perron. Le robot disparut aussitôt dans la maison.
— Venez à l’ombre, fit-elle.
Ils se dirigèrent vers des tables et des fauteuils de jardin installés sous un des énormes arbres au feuillage bleu. Un curieux animal de la taille d’un fox-terrier, mais qui avait une longue tête fine, de très grands yeux bleus, et un pelage couleur de vieil argent, suivait la jeune fille et mordillait gentiment le bas de son short.
— Assez ! Ludi, fit-elle. Tu es gentil, mais tu m’agaces. Je suis sûre, monsieur, que vous n’avez jamais vu un représentant de cette charmante espèce.
— Jamais… Et j’ai aperçu dans votre superbe parc beaucoup d’autres bêtes étonnantes dont je ne soupçonnais même pas l’existence.
— Oh ! toutes ne sont pas très rares… Mais Ludi est rarissime. C’est un ftop de la planète Maud.
— J’avoue que je n’ai pas davantage entendu parler de cette planète…
— Oh ! cela ne m’étonne pas… Elle n’a été que fort peu visitée… À l’heure présente, il n’y a que six jtops dans tout le monde habité. Quatre sont au grand Zoo de la planète Ril. Les deux autres sont ici. Ludi est le mâle. Sa compagne doit encore dormir – probablement quelque part dans la maison. Et même très probablement sur le lit de mon père… Je ne connais pas de bêtes plus douces, plus caressantes, ni plus susceptibles… Elles boudent pendant une heure quand on les gronde… Elles comprennent tout, comme les chiens des races les plus intelligentes… Et elles sont d’une propreté remarquable.
Le robot revint, poussant devant lui une table roulante.
— Que voulez-vous boire ? Je vous recommande le corcosse. C’est une boisson apéritive que l’on ne trouve guère que sur Suad, car elle supporte mal le voyage en astronef. En avez-vous déjà bu ?
— Jamais. Mais ce sera pour moi une excellente occasion de le faire.
Tandis que le robot remplissait leurs verres, Joe se disait que si le père était aussi accueillant que la fille, les difficultés seraient vite aplanies. Il la regardait et admirait la fraîcheur de son teint, la finesse des traits de son visage, ses beaux yeux noirs au regard direct. Tout en elle respirait la franchise, la droiture, la spontanéité. Et aussi la hardiesse.
Comme si elle avait lu dans sa pensée, elle lui dit :
— Excusez mon père, car je vois bien qu’il va vous faire attendre plus qu’il ne faudrait… Je ne voudrais pas que cela vous semble discourtois. Mais il est d’un caractère un peu sauvage… Il se donne parfois des airs de bourru… N’empêche qu’il a un cœur d’or… Tout va d’ailleurs dépendre de l’impression que vous produirez sur lui.
— J’espère qu’elle ne sera pas trop mauvaise.
— J’espère même qu’elle sera bonne. Et cela on le verra dès les premières minutes.
— On le verra à quoi ?
— Oh ! c’est bien simple. Si vous ne lui plaisez pas, il vous dira qu’il n’a rien à vous dire. Et après avoir, par politesse, bu un verre avec nous, il s’excusera en vous déclarant qu’il doit aller faire son courrier… Mais je crois que tout ira bien si vous prenez la précaution de ne pas le brusquer… De ne pas lui poser trop de questions à la fois. Je tâcherai de vous aider. Car je ne voudrais pas que vous vous soyez dérangé pour rien. Que voulez-vous de lui, au juste ?
— Je voudrais qu’il me raconte sa vie.
Lira fit une petite moue.
— Ça va être difficile… Très difficile… Je dirai même quasiment impossible… Vous n’êtes pas le premier à avoir essayé. Mais personne n’a encore réussi. Les plus chanceux parmi vos collègues sont parvenus à lui arracher quelques bribes d’anecdotes, pendant cinq ou dix minutes, mais jamais plus. Et pourtant je pense, moi, que sa vie, ses travaux, ses méthodes, ses réussites, mériteraient d’être connus du grand public. Surtout ne le lui dites pas… Ne lui dites pas d’emblée quelles sont vos intentions. Je le connais bien. Il lèverait les bras au ciel et s’écrierait : « Est-ce que vous me prenez pour un personnage de roman ? »
— Je vous remercie de vos conseils. J’en ferai mon profit. Cette boisson apéritive est vraiment délicieuse…
Tandis que Joe prononçait ces mots, Ludi sauta sur ses genoux et s’y installa comme l’eût fait un chat familier. Lira se précipita :
— Voyons, Ludi. Ce n’est pas poli. Veux-tu bien descendre…
— Oh ! laissez-le, je vous en prie… J’adore les bêtes, surtout quand elles sont, comme celle-ci, caressantes et douces.
Déjà il promenait ses mains dans le pelage du ftop, qui poussait de petits grognements de joie.
— Vous voyez, nous sommes déjà très amis.
— Oui, en effet. Mais il va en profiter pour grimper sur votre épaule… Et il voudra y rester…
Ludi, effectivement, sauta sur l’épaule du jeune homme et se mit à lui lécher les oreilles du bout de sa petite langue pointue et délicate. Lira se mit à rire.
— Décidément il se croit tout permis ! Ah ! voilà mon père. Il a été plus rapide que je ne le pensais.
Un homme descendait les marches du perron. Il était grand, d’une carrure athlétique, très bronzé. Il ne paraissait pas avoir plus de quarante ans. En fait, il approchait de la cinquantaine. Il tenait à la main un grand sac de toile.
Joe Frinton s’était levé. Portant toujours Ludi sur son épaule, il s’avança vers le maître des lieux, avec un mélange de curiosité et d’inquiétude.
Harp Loser était plus impressionnant encore que sur les photos de lui que le reporter avait vues. Il était très grand. Il avait un visage rude dont l’expression, pour le moment, était assez peu cordiale. On voyait, sur sa joue gauche – et descendant jusqu’à la mâchoire – une assez profonde cicatrice. Ses cheveux, taillés en brosse, et qui avaient dû être très noirs, commençaient à peine à grisonner. Pour tout dire, il semblait assez bougon. Mais, dans ses yeux noirs, on lisait la même droiture, la même hardiesse tranquille que dans ceux de sa fille.
Il tendit la main au jeune homme.
— Honoré de vous voir, dit-il sur un ton un peu sec.
Joe lui serra énergiquement la main.
— Je vous suis reconnaissant d’avoir bien voulu m’accorder un instant…
Il y eut un silence. Ils se regardaient. Harp Loser, de ses yeux perçants et directs, semblait soupeser son visiteur.
Joe était presque aussi grand que lui. Grand et d’apparence vigoureuse. Il avait un visage un peu taillé à la hache, mais expressif, cordial, intelligent, énergique. Sa chevelure châtaine semblait rebelle au peigne mais s’accordait avec ses traits.
Harp Loser se dérida légèrement.
— Je vois, dit-il, que Ludi vous a déjà adopté. Vous aimez les bêtes ?
— Je les aime, et je crois qu’elles le sentent.
— Les bêtes sentent et même comprennent beaucoup plus de choses qu’on ne l’imagine. Venez vous asseoir. Tu me donneras un peu de cor cosse. Lira.
Ils s’installèrent autour de la table. Des animaux de toute sorte s’approchèrent, et firent cercle autour d’eux. Deux des petits kangourous bleus vinrent se blottir sur les genoux de Loser. Un minuscule singe d’un jaune citron grimpa sur son épaule. Il tira de son sac des noisettes et leur en donna. Puis il puisa dans ce même sac, tour à tour, des morceaux de sucre, des biscuits, des fruits, de curieux légumes, et en commença la distribution. Il faisait une caresse à chaque animal quand celui-ci s’avançait pour prendre ce qui lui revenait.
— Vous êtes comme Orphée, dit Joe. Vous charmez les bêtes.
— Oui… Orphée est mon saint patron… Mais laissons cela. Que voulez-vous de moi ?
Joe hésita une seconde. Il regarda Lira.
— Je sais que vous n’aimez pas qu’on vous importune, et je vous comprends. C’est pourquoi je me contenterai de ce que vous voudrez bien me dire. Je ne vous poserai pas de questions…
Loser poussa un vague grognement et se mit à caresser la tête du gros animal à trois bosses et à six pattes qui s’était approché de lui.
— Vous savez d’où vient et comment s’appelle cette énorme bête ?
— Non, et j’en suis confus.
— C’est un gripon de la planète Wick. Une espèce en voie de disparition. Il peut courir à quarante kilomètres à l’heure. Sa placidité est remarquable. Fais le beau, Chuchu…
Le gripon se cala sur ses deux pattes de derrière, et se dressa, agitant ses pattes de devant. Puis il poussa un petit cri grêle. Sa tête était à cinq mètres au-dessus du sol.
— Ça suffit, Chuchu. Tiens, mange un petit pain… Notez bien que je ne lui ai pas appris à faire cela. Il le fait de lui-même. Mais il le fait aussi quand je le lui demande. Je n’ai jamais essayé de dresser les bêtes que j’ai ici. Je respecte leur liberté. Elles font ce qu’elles veulent. Bon. Revenons à nos moutons. Vous êtes, m’a dit ma fille, reporter de Télé-Terre. Vous voulez donc faire un reportage sur moi.
— C’est-à-dire… Je vous répète que…
Harp Loser lui coupa la parole.
— Qu’est-ce qui vous a donné l’idée d’un tel reportage ? Et pourquoi vous adressez-vous à moi plutôt qu’à l’un ou l’autre des cinquante bonshommes qui font le même métier que moi ?
— L’idée de venir vous voir ? Oh ! je l’ai depuis bien longtemps… Il faut vous dire, monsieur Loser, que pour moi il ne s’agit pas d’un travail comme ceux que j’accomplis habituellement… Enfin, cela me tient beaucoup plus à cœur… Des reportages, j’en ai fait beaucoup pour Télé-Terre, à travers la galaxie, et sur toutes sortes de sujets, et toujours très consciencieusement… Mais cette fois il s’agit pour moi d’autre chose… Je dois vous avouer, monsieur Loser, que dans mon enfance, et pendant toute mon adolescence, je rêvais de faire le métier que vous faites… Je le voulais même de toutes mes forces… Mais les circonstances, elles, ne l’ont pas voulu… On ne fait pas tout ce qu’on veut, dans la vie… Mais j’y pense souvent… Et c’est pourquoi j’ai eu le désir de vous voir, de vous entendre…
— Mais pourquoi moi ?
— Je sais que vous n’aimez pas les compliments… Et je ne voudrais pas vous contrarier en vous disant que vous êtes le plus qualifié pour…
Harp Loser se contenta de grogner, et fit une nouvelle distribution de noisettes aux petits kangourous bleus. Le silence se prolongeant, Joe demanda :
— Comment s’appellent ces arbres magnifiques qui encadrent votre maison ? Je n’ai vu les mêmes que sur la planète Bol.
— Ce sont des lécomias, et ils viennent en effet de Bol. Il est très difficile de les acclimater ailleurs. Ces deux-là, je les ai plantés moi-même ici, il y a vingt-deux ans, le jour même de la naissance de ma fille. Ils étaient minuscules, et j’ai eu toutes les peines du monde à les sauver. Mais dès qu’ils eurent quelque vigueur, ils poussèrent avec une rapidité incroyable… Maintenant, ils ont terminé leur croissance… Oh ! quand je les ai plantés, mon domaine n’avait pas l’aspect qu’il a maintenant. C’était encore presque partout la forêt vierge… La maison était plus modeste… J’ai amélioré tout ça d’année en année.
Il se tut et resta un moment rêveur. Puis il reprit, avec un sourire un peu ironique :
— Je vous ai fait attendre, hé ? Vous deviez vous dire que je n’étais pas très pressé de vous recevoir…
Ce fut Lira qui répondit en riant :
— Oh ! père, je ne crois pas que M. Frinton se serait impatienté, car il m’a dit qu’il était prêt à attendre huit jours pour te voir, tant il était désireux de faire ta connaissance.
Le père grommela encore. Il but une gorgée de corcosse et reprit :
— Vous êtes donc si patient ? À votre avis, jeune homme, quelles sont les qualités qu’il faut posséder pour pratiquer ce métier qui est le mien et qui vous aurait plu à vous aussi ?
— Précisément la patience, répondit Joe. Une grande patience. Mais avant tout l’amour des bêtes. Et aussi le courage, l’adresse, la robustesse. Et aussi l’intuition, le flair. Et enfin l’expérience, la méthode, la connaissance des techniques…
— Et ces qualités, vous croyez que vous les avez ?
— La patience, sûrement. La robustesse, sûrement aussi. Et je crois que je ne suis pas trop maladroit. Le courage ? Je ne pense pas qu’il me fasse défaut… Quant au reste… Cela s’acquiert, je pense. Avec le temps. Mais c’est un métier auquel j’ai dû dire adieu, hélas ! avant même d’v avoir goûté… Et cela laisse en moi un regret qui, je le crains bien, durera toute ma vie… Mais j’aime les bêtes, comme je vous l’ai déjà dit… J’ai chez moi deux petits scornils de la planète Farin, qui font ma joie. C’est tout ce que j’ai pu m’offrir jusqu’ici en fait d’animaux rares. Ma mère, qui les adore elle aussi, s’occupe d’eux pendant mes absences. Mais je m’excuse. Je ne suis pas venu pour vous parler de moi…
Harp Loser vida son verre, jeta à la ronde ce qui restait dans son sac de toile et regarda Joe pendant un moment sans rien dire.
Ludi était maintenant littéralement enroulé autour du cou du reporter. Le jeune et souple animal s’était endormi.
Autour d’eux, une faune variée et de plus en plus abondante faisait cercle. Les petits kangourous grignotaient leurs noisettes avec des gestes drôles. Une dizaine de créatures aux membres grêles, d’aspect vaguement simiesque, se chamaillaient gentiment en poussant de petits cris pointus. L’énorme gripon les contemplait de ses yeux placides. Une sorte de grande biche verte, aux yeux timides, avait posé sa tête sur l’épaule de Lira qui lui caressait le museau.
— Vous n’avez pas votre caméra sur vous ? demanda Loser.
— Je l’ai laissée dans ma voiture… J’avais très peur que vous ne me receviez pas.
— Voulez-vous visiter le domaine ?
Joe se demanda s’il avait bien entendu. Mais l’autre ajouta :
— Ce que vous avez vu jusqu’ici n’est rien… Vous allez voir une foule d’animaux, et aussi de plantes, d’arbres, qui je l’espère vous intéresseront.
— Oh ! merci, Monsieur Loser. Je serai prodigieusement intéressé. Est-ce que je peux aller chercher ma caméra ?
— Bien entendu, car je pense que vous l’avez amenée avec l’intention de vous en servir…